CIAS Loches Sud Touraine

Christine Beffara

Coup de coeur du Jury n°2 - ex-aequo

Territoire : Loches Sud Touraine

Pour des produits locaux accessibles à tous

La notion de droit à la nourriture fait son chemin dans la société française. Un droit fondamental des êtres humains à l’image des droits à la santé, à l’éducation ou au logement. Malheureusement avec plus de 900 personnes mortes dans la rue l’an dernier, dont des enfants, notre pays est encore loin de l’assurer.

 

Pourtant un réseau dense d’associations et de services publics est à l’œuvre chaque jour pour accompagner les personnes en situation de détresse. Les Centres communaux ou intercommunaux d’action sociale (CIAS) sont en première ligne. Leur mission, participer à l’instruction des demandes d’aide sociale légale tout en conduisant des actions de prévention en synergie avec les institutions publiques et privées. Souvent par manque de moyens humains et matériels, c’est le service minimum qui est assuré en matière d’alimentation.

 

Le CIAS Loches Sud Touraine exerce la compétence aide alimentaire à l’échelle des 67 communes composant l’établissement de coopération intercommunal. Son action est coordonnée avec celles de tous les acteurs associatifs du territoire afin d’assurer une distribution alimentaire régulière. Elus et associations locales ont pensé qu’il était nécessaire d’aller au-delà de produits de première nécessité fournis par la Banque alimentaire, la Croix rouge ou les Restos du coeur.

 

« Notre territoire a répondu à l’appel à projet « mieux manger pour tous » visant à donner l’accès à une alimentation de qualité aux personnes en situation de précarité» explique Christine Beffara vice-présidente en charge des politiques sociales. En 2024, la subvention attribuée s’est montée à 60 k€. « Une enveloppe qui a permis d’acheter des aliments mais aussi des équipements comme des frigos, détaille Jöelle Rafner, directrice du CIAS. Via notre plan alimentaire territorial, notre chargée de mission, Sophie Lavasseur, a pris contact avec 19 producteurs locaux qui ont joué le jeu et fournissent au CIAS produits laitiers, viandes, produits frais… »

 

Aviculteur bio dans le secteur de St Flovier, Olivier Morin est l’un d’eux. L’action du CIAS revêt à ses yeux une importance particulière. « La précarité, personne n’est à l’abri. Les aléas de la vie font que l’on peut tous y tomber. Nos produits fermiers ne doivent pas être réservés aux seuls consommateurs ayant les moyens. Cette reconnexion entre nos filières avec le droit à l’alimentation est vitale. La vie agricole du sud lochois est très riche, nous avons la chance d’avoir un outil au service des circuits courts, c’est l’abattoir de St Flovier. Cette dynamique lancée par le plan « Mieux manger pour tous » catalyse les réseaux de production en circuits courts en lien avec une alimentation de qualité abordable ».

 

Encore faut-il que les destinataires dont les urgences sont souvent éloignées de la gastronomie soient demandeurs d’un poulet bio ou d’un fromage en appellation. Aussi le CIAS s’emploie à casser l’image du produit inaccessible. « Nous développons d’une part des ateliers cuisine itinérants, animés par la conseillère en économie sociale et familiale (CESF) du CIAS sur Preuilly-sur-Claise, Yzeures-sur-Creuse, Descartes, Ligueil, Loches ; et d’autre part organisons des formations sur l’autonomie alimentaire et des ateliers culinaires thématiques en lien avec le tiers-lieu Sud Touraine sur le Lochois » souligne Christine Beffara.

 

L’éducation alimentaire donne à chacune et chacun les clefs pour cuisiner comme iel le souhaite et contribue à rompre l’isolement. Tout le territoire Loches Sud Touraine est couvert ou presque. « Il reste une zone blanche, le montrésorois sur laquelle aucune structure d’aide alimentaire n’est implantée à ce jour. Le programme Mieux manger Pour Tous permet d’une part de mener avec les partenaires locaux une réflexion sur ce territoire et à court terme de renforcer l’accessibilité à l’aide alimentaire par le financement de la mobilité via le réseau de transport solidaire ou transport à la demande conclut l’élue.

 

Rédaction : Philippe Guilbert