APAD 
Association pour 
la Promotion d’une 
Agriculture Durable 

Lauréat dans la catégorie 2 - Innovation

Territoire Touraine Est Vallée 

L’agriculture, un gigantesque puits de carbone

L’empreinte carbone de l’activité agricole est une réalité. Mais un mode de conduite vertueux a largement la capacité de compenser les émissions.

 

Engrais, carburant, énergie grise du matériel, l’agriculture est une grande consommatrice d’énergie fossile au même titre que les autres secteurs de l’économie. Mais il y a une différence de taille ; elle stocke du carbone. Dès la levée, les plantes cultivées prélèvent dans l’atmosphère, grâce à la photo synthèse, le carbone nécessaire à la croissance. Le blé comme le maïs capte chaque saison entre 4 et 8 fois plus de C02 qu’il n’en est émis pour le produire. À la récolte, ce phénomène naturel aura fabriqué 15 à 20 t/ha de biomasse pour moitié sous forme de grains. Les racines et les pailles en se décomposant alimentent le réservoir de carbone du sol contribuant efficacement à l’entretien de la fertilité. Mais, des agriculteurs ont expérimenté une méthode de conduite des cultures allant beaucoup plus loin, l’agriculture de conservation (et de régénération) des sols agricoles sous couverts permanents (ACS).

 

Regroupés au sein de l’association pour l’agriculture durable (APAD), ces exploitants cultivent en s’appuyant sur trois piliers : la couverture permanente du sol, le semis sans travail de la terre, la diversité et la rotation des cultures. Un sol couvert par des cultures ou des résidus est à l’abri de la battance des gouttes de pluie. Ce couvert préserve des excès du climat, la température est moins chaude l’été et l’eau percole vers les nappes sans ruisseler, c’est-à-dire sans érosion. Non labouré, le terrain conserve l’organisation des strates par les organismes animaux ou végétaux qui s’installent, tandis que les anciennes racines font autant de petits couloirs d’humus ou circulent l’eau et l’air.

 

En associant une foule de plantes pour leurs qualités d’exploration du sol, l’agriculture de conservation agit comme le moteur d’un puissant réacteur à fabrication de matières organiques. Grâce à ce savoir-faire, les adeptes de l’ACS limitent les risques de maladies et l’infestation de flores concurrentes tout en réduisant drastiquement la consommation de gazole. Guillaume Guibert et Christophe Gourdain sont tous deux adhérents de l’APAD Centre Val de Loire. Agriculteurs du lochois ils font partie des 2% d’agriculteurs pratiquant l’agriculture de conservation. Guillaume récemment installé poursuit le travail de conservation entrepris par son prédécesseur pionnier dans ce domaine comme Christophe. « J’ai pris conscience dès les années 1990 que la méthode classique, dans nos sols hydromorphes allait dans le mur» reconnaît Christophe. J’ai vendu ma charrue et je me suis lancé dans les préparations sans labour.

 

Ça n’a pas été tout simple. On a fait des erreurs corrigées par la suite. Le semis direct seul ne suffisait pas, il a fallu introduire des couverts pour homogénéiser la porosité. Désormais mon système est à l’équilibre, mais il n’y a pas de recettes, il faut corriger le tir à chaque campagne en fonction du climat ». Chez lui comme chez Guillaume, il est une constante, c’est la faible consommation de gazole, estimée par Christophe sur sa ferme de 300 ha à 35 l/ha/an. « Outre le captage du carbone par les plantes, l’agriculture de conservation réduit de gazole de 50 à 60% par rapport à une conduite classique » souligne Louis Dennonain salarié de l’association.

 

Bénéficiant du label bas carbone « au cœur des sols » (1), les exploitations de l’APAD stockent en moyenne 1,8t de carbone/ha/an. Mais certaines vont jusqu’à 7 tonnes avancent les membres de l’association. On estime à 8 000 le nombre d’agriculteurs pratiquant l’ASC. Tout ce qui est en train de naître est toujours petit…

 

(1) : Ministère de l’agriculture et Adème