Emilie Cardeilhac

EARL La Brebidoré

Coup de Cœur du Jury

Territoire Loches Sud Touraine 

Quand les brebis révèlent la richesse de la flore

Des brebis laitières en Indre-et-Loire, ce n’est pas inédit mais ça reste rare, surtout quand leur pâturage participe à la préservation de praires naturelles indispensables à la richesse de la biodiversité.

 

Puits de carbone reconnus, greniers de biodiversité, les prairies naturelles n’existeraient pas sans les éleveurs et leurs troupeaux. Aux confins de la Touraine et du Berry, à Bridoré, un couple a choisi de poser ses pénates dans la vallée de l’Indre pour les valoriser produire du lait de brebis.

 

Lui chaudronnier, elle infirmière urgentiste ont décidé de changer de vie. Ainsi est née l’aventure Brebidoré, une petite ferme de 60 ha avec son gîte, joliment retapée avec bergerie et fromagerie attenantes. Les 150 lacaunes parcourent entre autres surfaces fourragères, une zone Natura 2000 dont la flore diversifiée contribue à la qualité aromatique du lait. Le troupeau participe ainsi à l’entretien de la ripisylve de l’Indre. Titulaire d’un BPREA, Emilie Cardeilhac s’est installée la quarantaine passée en 2020 après avoir pris soin de découvrir de nombreux systèmes d’élevage laitier en tant qu’agente de remplacement.

 

« Au contact de nombreux éleveurs, en suivant un stage de « paysan créatif », je me suis constitué un précieux réseau, très utile quand on s’installe » explique-t-elle. Après l’unique traite quotidienne, Emilie façonne une appétissante gamme de produits laitiers, des tommes de pâte pressée, des fromages lactiques de type crottins mais aussi des yaourts et de la féta estivale.

 

Pétillant quinquagénaire, Éric, quant à lui l’a rejoint en 2022. S’il s’occupe plutôt de la partie céréales et fourrages, le métallier qui est en lui n’est jamais loin. De nombreuses charpentes métalliques et des plans de travail en acier témoignent de ce solide savoir-faire partagé avec son fils ainé. Dans les prés semés, Emilie et Éric Cardeilhac s’emploient à installer une flore rustique. C’est ainsi qu’ils ont découvert les vertus du « miraculeux » sainfoin, une légumineuse bien connue des anciens, revenue en grâce chez les jeunes.

 

Le troupeau sort chaque jour jusqu’à noël si le temps le permet, guidé par deux borders sous la surveillance d’un patou. Soucieux d’organiser un système cohérent, le couple a aussi adopté la technique ancienne de valorisation du petit lait par un petit élevage de porcs, des blancs de Bayeux, abattus et découpés à Valençay (36). Une viande commercialisée via le circuit de vente des fromages, la vente directe à la ferme, des Amap et les marchés hebdomadaires de Loches, de Courçay et une fois par mois celui de St Hippolyte.